C’est depuis Portland, dans le Maine, que Jonathan Balzano Brookes compose les aubades de The Greathart. Et si c’est en solitaire qu’il apparaît aujourd’hui, il ne vous est peut-être pas inconnu. Portland rime depuis longtemps avec Phantom Buffalo, l’un des « meilleurs groupes américains du monde » (MagicRPM) pour qui il a donné de sa voix et de son art. Parmi la foule de cordes qu’il tient à son arc, celle de l’illustration complète en effet sa panoplie de singer- songwriter et donc de conteur accompli.
Coquillage échoué, sorcière enchantée et chemins embourbés, les sujets de ses illustrations pourraient vous duper. Derrière ces traits et couleurs à l’allure enfantine, c’est en réalité l’esquisse d’une histoire plus ancrée dans le réel que dresse son nouvel album.
Jonathan Balzano Brookes n’a rien à envier aux troubadours d’antan, inspiration assumée ici ; au contraire, il les réinvente. Comme La Fontaine le faisait avant lui par les vers, l’album en appelle aux sens, et à la morale. Sons et ornements se font les interprètes de maximes aussi pures et candides que celles des contes de notre enfance. Avec une instrumentation minimale, l’emphase porte sur la mélodie, le storytelling et l’atmosphère. L’album de Neil Young, Hitchhiker, dont l’approche se veut directe et le ressenti celui d’un album live, a été une grande influence sur la production de The Greathart qui revendique le plus grand dépouillement.
Assumant une forme de naïveté chère à son auteur, l’album explore les émotions humaines et chante l’importance de la bienveillance et de l’empathie. Disque passerelle, il fait ainsi lien entre la musique médiévale et celle d’aujourd’hui. Mais aussi entre Philadelphia et Portland, le temps d’un duo avec Tim Burns (aka The Red F), acolyte de Phantom Buffalo. Et peut-être encore plus entre l’enfant que nous étions un jour et l’adulte que nous devons être aujourd’hui.
Songez sereins.
The Greathart contera bientôt vos plus belles aventures.