Tout est une question de temps chez Garciaphone.
Sept ans. C’est le temps qu’il a fallu à Olivier Perez, pour revenir avec un nouvel album en 2024. Le temps de la vie et de ses détours, entre Barcelone et Clermont-Ferrand, entre la pratique du dessin et les tournées avec le groupe new-yorkais Elysian Fields… Le temps de l’écriture qui revient et s’impose comme une évidence suite à une longue maturation. Après l’onirique Dreameater (2017), place donc à l’incandescent Ghost Fire et ses dix chansons toujours habitées par quelques fantômes du folk, Elliott Smith, Tim Hardin, Nick Drake… Dix morceaux dont les mélodies sans détour ont de quoi vous hanter.
Une demi-heure. C’est le temps qu’il vous faudra pour écouter cet album d’un bout à l’autre. Et sans doute, vous laisser emporter par son flux hypnotique. Les orchestrations subtiles des musiciens parmi lesquels les fidèles Zacharie Boissau et Clément Chevrier (The Delano Orchestra) et le nouveau venu Mocke (Midget!, Chevalrex), la flamme caressante de la voix, la gracilité élégante des mélopées envoûtent, captivent, dans une chaleur douce et confortable, d’où émane un parfum familier de bois, de feu, de nostalgie.
Trois minutes. C’est le temps suffisant au songwriting tout en nuances et délicatesse de Garciaphone pour créer un monde en tant que tel. Un monde où l’émotion est une hôtesse bienveillante, lovée dans des arrangements sur mesure plus riches qu’à l’accoutumée : violon, cithare, saz ou bouzouki tapissent discrètement les couplets. Des chansons compactes, économes en moyens, bâties sur des mélodies claires qui caressent l’âme : un minimalisme soyeux qui dépasse les cadres de la durée physique du morceau et se distille au-delà de l’écoute, comme l’évocation d’un souvenir heureux qu’on veut garder à jamais.
Une vie entière. C’est le temps nécessaire pour épuiser les richesses de Ghost Fire, qui étincèle de mille feux derrière son voile de sobriété.