Red F. Quatre lettres pour une, écarlate, derrière laquelle se cache un songwriter à la plume aussi géniale que discrète. Pour son premier album en solo, Tim Burns rassemble quelques-uns des meilleurs musiciens de sa chère Portland (Maine), dont quelques amis de Phantom Buffalo, fameux groupe pour lequel il compose et interprète les meilleures chansons, depuis leurs débuts. Et tous se livrent ensemble à la construction d’un intemporel édifice lo-fi autour du timbre fragile et voilé de son auteur.
Dans l’improbable plan de carrière de Tim Burns, Balm of Gilead aurait tout à fait pu ne jamais exister. Et c’est peut-être ce qui lui donne aussi cette étrange présence fantomatique : une comète folk, mystérieuse et insaisissable, petit miracle acoustique qu’on aimerait voir défiler dans les cieux pour toujours. A l’instar du morceau d’ouverture, «Fingers», magnifique comptine minimaliste, entêtante, hypnotique, l’album avance par touches sensibles et vaporeuses, hâlant de légères couches électroniques les pincements de guitare qui portent le disque.
On en rougit de plaisir.