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Streaming et rémunération : la parole aux artistes

03/06/2021 by microcultures
On veille pour vous
streaming ; remuneration ; artists

En mettant à votre disposition, sans limite, et pour un prix raisonnable, toute la musique que vous voulez, les plateformes de streaming ont saisi et modelé un nouvel usage. Mais vous êtes vous déjà demandé comment fonctionne la rémunération des artistes sur les plate-… Ha non, celle-là, on vous l’a déjà faite. Peut-être en revanche vous êtes vous déjà demandé ce que pensent les artistes de leur rémunération par les plateformes de streaming ? He bien nous aussi. Et en plus on a la réponse.

Dans notre dernier article, on vous expliquait les enjeux autour de la rémunération des artistes entre systèmes du user centric et du market centric. Si vous ne l’avez pas lu, on vous laisse faire une petite pause dès maintenant pour que vous puissiez y jeter un œil. 

Voilà. Vous avez vu, vous avez lu, vous avez comprendu. Enfin, tout est clair quoi. Et donc après avoir décortiqué les deux systèmes, leurs avantages et leurs inconvénients, il nous manquait tout de même quelque chose de très important : la parole des principaux concernés. Non ! Pas les plateformes de streaming voyons ! Les artistes ! Nous sommes allés interroger quelques-un d’entre eux. 

Les plateformes de streaming : oui ou non ?

La question est simple, la réponse l’est moins. L’ambiguïté se traduit dans les mots de nos artistes. Tous, à différents degrés, trouvent le concept et l’usage intéressant. C’est pratique, on peut en disposer quand bon nous semble et découvrir un tas de nouveautés, presque sans limites. Mais (vous le sentiez venir) il y a un “mais”. Valérie Leulliot apprécie pouvoir écouter “tout ce qu[’elle veut], tout ce qui sort” et proposer des playlists à sa communauté mais regrette l’aspect “vertical” du fonctionnement.

“J’adore tout ce qui est nouvelle technologie, je suis un peu geek pour tout ça. Mais dans mon éthique je suis assez oldschool. La technique ne doit pas diriger mon action. Ce n’est pas la machine qui va me donner envie d’écouter un truc ou pas. Il y a un côté vertical qui m’épuise. Les goûts changent tout le temps, à toute heure.” – Valérie

Malgré ce fonctionnement vertical, l’algorithme a un avantage (en tout cas, c’est ce que dit la légende), c’est de faire ou plutôt de se faire découvrir. C’est d’ailleurs bien la raison pour laquelle les artistes répondent présents sur les plateformes.

“Si quelqu’un t’écoute à la radio, lit quelque chose sur toi, je vois bien qu’autour de moi le réflexe c’est d’aller quand même sur Spotify ou sur Deezer. Pour la majorité des gens. C’est difficile de s’en passer si on veut être écouté un petit peu” – Matt Low

Alors où sont passés les disques dans tout ça ?

Les disques n’ont pas disparu ! Loin de là. David Bramwell nous dit qu’il faut être “réaliste”. “Que se passerait-il si Spotify disparaissait ? Nous devons être réalistes, ces plateformes ne seront pas là pour toujours, alors j’ai tous mes CD sous la main”. De même pour Bertrand Betsch, qui a délaissé l’objet pour le streaming dans son usage personnel mais qui continue de produire des CDs pour répondre à la demande.

Comment l’évolution de la musique en streaming a-t-elle impacté (positivement ou négativement) la production artistique  ?

Les plateformes de streaming semblent avoir remplacé notre disquaire au coin de la rue mais s’il est bien une chose qui n’a pas changé, c’est l’âme créatrice de nos artistes musiciens. Valérie a mis à sa disposition cette “magnifique possibilité qu’est internet” après avoir sorti un disque “à l’ancienne”.

“Je trouvais que c’était bizarre cette façon de faire de la musique à l’ancienne [ndlr : trois ans pour produire son disque, des concerts, beaucoup de travail] et en même temps moi, ma façon de consommer la musique avait complètement changé. J’écoute parfois des morceaux que j’aime bien, mais je n’ai pas forcément envie d’écouter tout l’album, alors c’est vrai que je sélectionne les morceaux. Et donc avec Jean-Charles [ndlr : fondateur et gérant de Microcultures], on s’est dit qu’on avait envie de redonner de la valeur aux morceaux en général dans la musique et on a décidé de sortir deux titres en vinyle [Bunker et Rouge invisible] et en numérique. On a voulu, en utilisant les outils d’aujourd’hui, retrouver le côté organique de la musique.”

Et cet aspect organique, on le retrouve chez Matt Low également.

“Je suis toujours attaché au disque. Je pense ma façon de faire de la musique par rapport à un disque. J’essaie de ne pas être influencé par ça, de ne pas penser au système des plateformes. Je pense un album comme un disque, comme un objet”.

David confirme cette volonté de rester fidèle à soi-même et à l’artiste qu’il est. Comme ses confrères et consoeurs, les statistiques et les avis de son public ont une grande importance, mais ne sont pas synonymes d’une nécessité de changement.

“Nous allons bientôt sortir notre tout premier album instrumental. Ce sera la première fois que l’on fait de la musique sans aucun chant. Mais même si ça se vend phénoménalement bien, je ne sais pas… Je pense que je continuerai à faire de la musique que j’aime et qui m’inspire.”.

Et la question que l’on se pose tous… Que pensent nos artistes de leur rémunération par les plateformes de streaming ?

“Penser c’est un bien grand mot… Moi je suis consternée. J’ai un peu vu tout le glissement. Quand j’ai démarré il n’y avait pas tout ça. J’ai démarré à l’ancienne, avec une maison de disques, on allait acheter les disques à la Fnac. Il n’y avait pas internet, il n’y avait pas  tout ça. Cette ouverture sur le monde est absolument géniale, mais il ne faut pas qu’elle nous écrase. Les fournisseurs d’accès eux, ils avaient la plateforme, ils avaient l’espace… et le problème c’est que les gens qui ont rempli cet espace, c’est nous, c’est les artistes qui en ont pâti. ” – Valérie 

“Ce n’est pas une rémunération. Ce n’est même pas le mot qui conviendrait. Rien que le mot “rémunération” ça évoque quelque chose de sérieux, là ce n’est pas sérieux, c’est du vol. Après, on l’accepte bien aussi, mais c’est assez ridicule. Ça ne compte pour rien. C’est comme si on gagnait 0. C’est une question qui fâche mais ça ne me fâche même plus tellement c’est un sale système.” – Matt Low

“Elle est dérisoire sinon nulle. (…) Sur mes dernières répartitions, la part “internet” qui comprend donc le streaming, mais pas seulement, ça représente entre 3 et 5 % de mes revenus SACEM. C’est vraiment dérisoire, alors que le numérique est à 50%, à hauteur du physique quasiment. C’est devenu dominant sur le marché alors que dans les faits, ça ne l’est pas.” – Bertrand

“Ce qu’on ne sait pas, c’est combien d’argent ces plateformes se font. Ce que je me dis, c’est qu’avec le nombre de morceaux qui sont uploadés en permanence, le nombre d’artistes sur spotify qui augmente, et le nombre de gens qui doivent être employés pour gérer tout ça (…) je ne sais pas quels sont les revenus d’une compagnie comme Spotify. Si Spotify était comme Amazon et que je savais qu’un petit groupe de personnes gagnait des milliards, je penserais les plateformes de streamings comme hors de contrôle et les artistes devraient alors les confronter. Mais la vérité c’est que je ne sais pas. Je ne sais pas à quel degré cette rémunération est injuste. Pour moi, cette rémunération est négligeable, contrairement à l’argent que je gagne sur Bandcamp.” – David

En voilà une plateforme à laquelle on ne pense pas assez.

Bandcamp est une plateforme de vente qui a pris le contre-pied des plateformes de streaming : l’écoute y est gratuite mais limitée pour inciter les auditeurs à soutenir les artistes et acheter directement auprès d’eux.

“Bandcamp est le meilleur modèle que je puisse imaginer en matière de rémunération. Je peux aussi faire grandir ma communauté, contacter mes fans directement. C’est un fonctionnement de rêve pour les petits artistes comme moi.” – David

“Pour les utilisateurs c’est gratuit. Quand tu es artiste, tu décides de mettre en libre écoute tes morceaux ou pas et puis tu peux mettre en vente toute ta musique. Et l’argent, bon Bandcamp prend une part, mais l’argent te revient quand même. Sur Deezer, la musique tu leur donnes et ils ne te filent rien quoi” – Matt Low

Finalement, il n’y aurait pas vraiment de solution idéale sur les plateformes de streaming. “Le chemin plus vertueux où on serait vraiment rémunéré pour les gens qui nous écoutent réellement [ndlr : User centric system, voir l’article précédent], c’est quelques euros de plus, donc ce n’est pas vertueux non plus”. – Bertrand

“Les gens sont fainéants. On veut que les choses soient pratiques, on veut tout directement dans la main et quand on a une plateforme comme Spotify, je sais que quasiment toute la musique que je veux entendre s’y trouve. Mais il y a des choses qui n’y sont pas, que l’on trouve sur Bandcamp et pour lesquelles on paie. Mais pour être honnête, si je les trouve sur Spotify, je serai probablement fainéant et je ne les paierai pas sur Bandcamp.” – David

Il nous reviendrait donc à nous, vous, auditeurs, de faire les bons choix en ce qui concerne l’écoute. Doit-on choisir l’aspect pratique ? Ou s’orienter vers une démarche plus éthique ? Doit-on se “laisser prendre dans les limbes” (-Valérie) des plateformes de streaming ? Ou revaloriser nos artistes et leur travail en optant pour les modes de consommation qui vont en ce sens ? Pour un artiste indépendant, “Avoir beaucoup de followers sur les réseaux, c’est comme être riche au Monopoly. Ce n’est pas du vent, ça existe, mais ça ne peut pas être votre façon de travailler.” -Valérie

Streaming et rémunération : la quadrature du centric

22/04/2021 by microcultures
On veille pour vous
streaming ; remuneration ; artists

Par Julie Degeorges

En quelques années, les plateformes de streaming ont bouleversé nos habitudes d’écoute de la musique. Elles concentrent aujourd’hui les plus gros enjeux économiques de la chaîne de distribution de la musique enregistrée. Vous êtes certainement déjà abonné à l’une d’entre elles. Un trajet pour aller au boulot ? Une soirée entre amis ? Vous dégainez votre meilleure playlist : Spotify, Deezer, AppleMusic, le choix ne manque pas. Mais vous êtes vous déjà demandé comment fonctionne la rémunération des artistes sur les plateformes de streaming ? Eh bien nous oui. Et figurez-vous que c’est à la fois très simple et très complexe.

Évolution du marché du streaming.
Source : parismatch.com

Simple, parce que le principe actuel de rémunération des écoutes repose sur une pure logique mathématique : le revenu généré par le stream d’un morceau donné est calculé au prorata de tous les morceaux présents sur le marché. En d’autres termes : on divise l’ensemble des revenus de la plateforme entre tous les morceaux, proportionnellement à leur part de marché. Logique non ? Et ça semble même plutôt normal à première vue. C’est ce qu’on appelle le principe du Market Centric.

Mais creusons un peu cette logique et voyons ce que ça donne concrètement. C’est justement là que ça se complexifie.

Imaginons un.e abonné.e sur une plateforme de streaming, vous par exemple, qui n’écoute que des artistes indépendants. Pour les besoins de l’exercice, imaginons même que cet.te abonné.e (qui paye donc 9,99 € par mois sur Spotify ou autres) écoute exclusivement Soltero (tout à fait au hasard), parce qu’iel est fan, mais aussi parce qu’iel veut augmenter leur revenus. Quid alors de la part de son abonnement réservée aux artistes, soit 46 centimes environ (oui, vous avez bien lu, cf infographie ci-dessous) ? S’iel écoute exclusivement Soltero, ça pourrait ajouter 46 centimes dans la tirelire de Soltero, se dit le.la fan que vous êtes. Eh bien, avec le principe du Market Centric, ce n’est pas du tout ce qui se passe. En écoutant exclusivement Soltero, vous renforcerez certes (un petit peu) la rémunération du groupe car vous augmenterez de façon infinitésimale leur part de marché dans l’immense masse de streams disponibles. Mais vous augmenterez surtout la rémunération de Maître Gims et de Beyoncé, puisque le jeu de la proportionnelle fera qu’une plus grosse part de votre abonnement leur sera reversée. Enfin, du moins si on considère que Beyoncé et Maître Gims génèrent plus de streams que Soltero sur l’ensemble du marché (à vérifier).

Rémunération des artistes : quelques chiffres clés. 
Sources : 1. statista.com ; 2. adami.fr

Ce système n’est pas injuste. Il est même assez logique d’un point de vue mathématique, et peut-être aussi du point de vue économique de la plateforme. Mais il n’est pas très transparent du point de vue de l’utilisateur.trice et il a, comme souvent, une fâcheuse tendance à favoriser les plus gros.    

D’autant plus que ce système mène à un certain nombre de fraudes comme les fake streams (achats de streams pour, à terme, augmenter les parts de marchés) ou encore comme la pratique du payola (un soudoiement de différents acteurs du monde de la musique -radio, presse, influenceurs, etc.- pour que ceux-ci valorisent un artiste en particulier).

Récemment, la FELIN (Federation Nationale des Labels et Distributeurs Indépendants) a appelé le CNM (Centre National de la Musique) à « mettre en place des discussions entre producteurs et plateformes » pour repenser le modèle de rémunération des artistes.

Une solution possible ? Le système du User Centric. Puisqu’on parle très bien anglais chez Microcultures, on va même vous la traduire en français : le système centré sur l’utilisateur.trice. Il s’agirait ici de calculer la rémunération des artistes à partir de ce que l’abonné.e écoute réellement. La part de l’abonnement dédiée serait directement et uniquement reversée aux artistes écoutés par l’abonné.e, et ce sans qu’une partie bifurque vers un.e autre artiste sous prétexte que ce.tte dernier.e est d’avantage écouté.e sur la plateforme. Cela permettrait une plus grande « diversité en plus d’assurer un garde-fou contre les dérives » mentionnées quelques lignes plus haut. Et ça permettrait surtout à Soltero de récupérer ses 46 centimes ! Beaucoup mieux non ?

Malheureusement, c’est loin d’être évident, car cette logique, plus gratifiante pour les utilisateurs.trices, et plus intéressante pour les “petits” artistes qui verraient leurs revenus grimper, devrait se mettre en place au détriment du système actuel, qui a pour lui la logique comptable… et les faveurs des gros acteurs de l’industrie. D’autre part, une étude du CNM menée sur la question a montré qu’en dépit d’un impact positif sur la sphère musicale indépendante, les artistes ne faisant pas partie du top 10000 verraient leur revenus évoluer “au maximum de quelques euros par an en moyenne sur l’année par artiste“. Le passage d’un système à l’autre serait donc un progrès certes, mais pas aussi significatif que celui qu’on attend.

Différence de rémunération des artistes : market centric vs user centric ?
(Hypothèse illustrative d’un marché composé de 20 abonnés, 3 artistes et 1000 écoutes au total)

Aussi symbolique soit-il, ce principe de répartition plus égalitaire serait un premier pas dans la bonne direction. Mais, comme chacun sait, ce type de changement (qui suppose aussi d’atténuer la position des plus privilégiés) ne se fait généralement pas facilement. D’autant que les plus grosses plateformes de streaming, dont certaines sont devenues surpuissantes (coucou Spotify), militent fortement pour la conservation de l’ancien système. Mais certaines autres, comme Soundcloud récemment, ont commencé à montrer la voie et à mettre en place ce principe du User Centric. Une petite révolution dans l’industrie de la musique.

C’est donc possible. Et on pourrait adopter cette logique au-delà des plateformes de streaming, au sein des autres structures où la répartition entre ayant-droits se fait actuellement à la proportionnelle (coucou la SACEM). Et pourquoi pas aussi au monde au-delà de la musique ? Il n’est pas interdit de rêver un peu.    

Citations extraites : Communiqué de Presse de la FELIN, du SMA (Syndicat des Musiques Actuelles) et de TECHNOPOL – L’association au service de la culture électro, « Pour une régulation du streaming », 07/04/2021 ; “Le CNM évalue l’impact d’un changement éventuel de mode de rémunération par les plateformes de streaming“, 27/01/2021, cnm.fr

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