Je ne pourrais pas situer exactement l’année, mais je devais avoir entre neuf et douze ans. L’après-midi tirait vers sa fin, nous étions dans une chambre où des tas de cassettes audio et quelques CDs faisaient des piles. La chaîne hi-fi était toujours occupée. J’écoutais le maître des lieux, mon cousin, de six ans mon aîné, parler musique avec un de ses amis. Inutile de préciser que ma fascination était à son comble. Je ne disais rien, je ne connaissais rien, mais j’étais d’accord avec tout.
Et puis l’ami s’est mis à décrire un concert, vu à Paris quelques semaines auparavant. Et la fascination est montée d’un cran. « Et là, il faut imaginer le gars monter sur scène. Un très grand monsieur, maigre, avec une allure incroyable. Il arrive sur scène, prend le micro et se met à chanter ça… ». La chaîne hi-fi prend le relais pour entonner ce titre :
Sur le moment tout ça m’a paru un peu étrange. Je n’avais pas l’habitude d’entendre des gens chanter en français déjà. Encore moins avec un accent américain. Et puis un type qui chante qu’il est mort, ça me paraissait louche. Mais, les étincelles dans les yeux de cet adolescent qui racontait son anecdote m’avaient fait grande impression.
Pour autant, je n’ai pas acheté de disque de Theo Hakola dans la foulée. Je n’ai pas non plus écouté sa discographie en streaming, un mot qui n’existait pas encore, ni même téléchargé illégalement ses albums, c’était encore quelques années trop tôt. Mais je n’ai jamais oublié ce nom, ancré à jamais dans ce souvenir d’enfance.
Et plus tard, beaucoup plus tard, quand j’ai croisé Theo Hakola pour la première fois à l’occasion du Festival Walden 2017, j’ai eu l’impression d’être redevenu l’enfant de cette année-là. Bon sang, c’était donc lui.
Plus tard encore, lorsque les événements et amis communs nous ont réunis autour d’une même table, les choses devaient naturellement suivre leurs cours pour aboutir à ce résultat.
Le prochain album de Theo Hakola sortira donc le 24 janvier sur Microcultures Records :
Il s’est imposé à nous avec la même évidence que son titre.
La suite, elle, reste à écrire.
Méfiez-vous de l’eau qui mouille…